L'agriculture oasienne est menacée par plusieurs éléments, les plus importants seraient...
L'abandonne de l'agriculture dans les palmeraies accélère l'ensablement et leur disparition.
L'ensablement est aussi une menace pour l'urbanisme.
Au même temps, les oasis voient sa surface réduite à cause de l'extension des villes oasiennes, due à la croissance démographique.
Par ailleurs, la manque de coordination entre les différents ministères impliqués et de collaboration entre les différents chercheurs, n'aide pas à proposer et mettre en place des solutions aux problématiques des oasis. Chez Marsad Drâa, nous pensons que l'agriculture et l'urbanisme peuvent être complémentaires à l'heure de se protéger contre la désertification.
Un groupe d'étudiants de l'École Nationale d'Architecture de Rabat, notamment Inssaf Bourhim et Najlae Chairich, encadrées par Carlos Perez Marin, ont proposé une solution pour l'ensablement qui met en péril, non seulement la palmeraie d'Amezrou, sinon un des canaux principaux du réseau d'irrigation de la palmeraie.
Ils proposent, tout d'abord, la construction d'une première barrière construite en terre et remplie de sable.
Ensuite, un dispositif composé par 6 bâtiments de logements créera une deuxième barrière avec l'objectif d'empêcher l'avancement des dunes.
Ces bâtiments ont la particularité de s'adapter à la forme des dunes (du type barkhan), en donnant lieu à une architecture en terre assez innovatrice.
La dernière phase permettra de récupérer et de reboiser la palmeraie qui reste de loin, la meilleur protection contre le sable. Les nouvelles parcelles ont été conçues selon les différents rapports que les chercheurs de l'INRA (Institut National de Recherche Agronomique) ont développé afin de moderniser l'agriculture dans les oasis, grâce aux techniques d'irrigation modernes, au type de palmiers, aux cultives alternatifs (plantes medicinales et aromatiques)...
Le type d'urbanisme proposé ne sera pas très distant de celui que l'on trouve dans la vallée du Drâa, dont la plus part de ksour sont à l'intérieur de la palmeraie, où les contraintes climatiques sont plus douces qu'à l'extérieur.
Ces nouveaux bâtiments réutilisent des idées encore valides que l'on trouve dans les ksour de la région, avec des maisons individuelles construites en terre avec des patios, des ruelles de 2,5m de largeur protégées du soleil...
On a essayé, un résolvant le problème des dunes, de faire évoluer l'image traditionnelle de l'architecture en terre, pour une autre plus moderne et adapté aux modes de vie...
Or, les modes de vie d'un agriculteur, et pour tant le type de maison, n'est pas le même que celui de quelqu'un qui travaille dans un bureau ou dans un magasin.
On est en train d'étudier les différentes types de maison d'Amezrou, celles du ksar, celles des extensions des années 60 (toutes en terre) et celles qui se construisent aujourd'hui en bloque de béton, afin de pouvoir proposer des nouvelles maisons en terre mais adaptées aux nouveaux besoins du XXIe siècle. Cette étude est réalisé par des architectes ( Inssaf Bourhim, Najlae Chairich et Carlos Perez Marin ), des sociologues (Antoine Bouillon de Dar Raha Zagora ) et des habitants d'Amezrou (Mustapha El Alaoui), étude qui est en cours...
La construction des ksour du XXIe siècle demandent aussi une évolution des techniques constructives traditionnelles qui résolvent les problèmes et pathologies des ce type de construction.
Afin de tester la viabilité des barrières du projet d'Amezrou, on a décidé de construire un mur en terre adapté à la forme d'une petite dune..
Des dunes qui se dirigent vers le village de Tissardmine (Errachidia).
et qui posent pas mal de problèmes aux habitants, lesquels sont obligés d'enlever le sable une fois par an (avec l'aide d'un tracteur) pour éviter se noyer dans le sable...
Avec l'aide de Cafe Tissardmine et des habitants du village, on a construit un mur courbe (qui aura deux niveaux) et qui nous permettra d'observer et étudier le comportement de la dune face à cet obstacle. - pourra le mur arrêter l'avancement de la dune? - sera le mur dépassé par le sable? Par où? Pourrait-on dévier le parcours de la dune? - pourra une forme aérodynamique être plus utile à l'heure de construire une maison, de telle sorte qu'elle permette le libre parcours de la dune, sans avoir besoin de désensabler la maison?
Le projet d'Amezrou et la construction de la barrière en terre à Tissardmine fera partie d'une série documentaire sur la désertification dans 5 déserts du monde, qui prépare actuellement MonaLisa Prod pour ARTE, TV5, UKTV, GLOBO TV...
La barrière dunaire à Tissardmine est déjà testée par la nature et elle pourrait être utilisé à une autre échelle, avec l'aide de l'architecture.
On a vu des projets où l'architecture était au service de l'agriculture, mais parfois, l'agriculture sera l'instrument dont l'architecture et l'urbanisme ont besoin pour se protéger de la désertification.
Lors du tournage du documentaire avec MonaLisa Prod, on a repéré des maisons remplies entièrement de sable à M'Hamid El Ghizlane (Zagora), un ensablement qui continue son parcours et qui fait disparaître des maisons.
Les habitants des premières maisons ont dû déménager deux fois, en fuyant de l'ensablement.
Comment pourrait-on protéger la ville de cette menace? Peut-être que l'on ne pourra pas appliquer les solutions typiques proposées par les ingénieurs agronomes et qu'il faudra chercher des solutions dans d'autres domaines.
On pourrait réfléchir de la même façon qu'à Amezrou, en "construisant" une barrière mais à une échelle urbaine et non avec une construction en terre,,mais avec un Space végétale, avec une palmeraie qui aurait une forme aérodynamique afin de dévier les dunes et les éloigner de la ville.
Il y a des cas où l'urbanisme peut être utile à l'heure de protéger et récupérer la surface de une palmeraie disparue. En profitant de ses capacités pour attirer le financement et l'investissement.
À Beni Zoli, à 17km de Zagora, il y a un village qui attend une augmentation de la population de 6.000 à 15.000 habitants dans les prochains 5ans. Un projet d'aménagement a été proposé sur le terrain occupé auparavant par la palmeraie.
Si le projet d'aménagement se développe la nouvelle ville pourrait avoir cette image, une ville impersonnelle et qui tient pas en compte ni la palmeraie, ni le mode de vie de ses habitants (basé fondamentalement sur l'agriculture).
Mais on pourrait agir autrement. Qu'est-ce qui se passera si jamais la palmeraie n'avait pas disparu?
Imaginons que la palmeraie est toujours présente. Comment pourrait-on développer la ville à l'intérieur de l'oasis?
Si l'urbanisme oasien de la vallée s'est caractérisé (et se caractérise) par un réseau composé par des noyaux de population assez densifiés (ksour), serait-il possible de proposer des nouveaux noyaux qui laisseraient de l'espace entre eux pour récupérer la palmeraie? Pour bien mener ce défi il faudra travailler avec des équipes multidisciplinaires, architectes, ingénieurs agronomes, sociologues...
Un des objectifs de Marsad Drâa est de travailler avec des équipes multidisciplinaires afin de proposer des solutions au problèmes des oasis mais aussi des solutions qui pourraient être applicables ailleurs, dans les villes du nord, ou dans autres pays.